Principaux indicateurs à rechercher chez un travailleur lombalgique
En cas de lombalgie persistante ou récidivante, constatée à l’occasion des visites médicales de santé au travail, il faut évaluer différents facteurs pronostiques : les facteurs psychologiques et comportementaux susceptibles d’influencer le passage vers la chronicité et les facteurs socio-économiques et professionnels susceptibles d’influencer l’incapacité prolongée et de retarder le retour au travail du travailleur lombalgique . La Haute Autorité de santé et la Société de Médecine du travail ont publié récemment des recommandations dans lesquelles figurent ces indicateurs qui sont également validés au niveau international.
Signes de gravité médicale : drapeaux rouges
Indicateurs psychosociaux d’un risque accru de passage à la chronicité : Drapeaux jaunes
Facteurs pronostiques liés aux représentations perçues du travail et de l’environnement par le travailleur : drapeaux bleus
Facteurs pronostiques liés à la politique de l’entreprise, au système de soins et d’assurance : drapeaux noirs
Accéder à l’intégralité du document de la Société de médecine du travail :
Recommandations de bonne pratique : Surveillance médico-professionnelle du risque lombaire pour les travailleurs exposés à des manipulations de charges.
Signes de gravité médicale chez le travailleur lombalgique : drapeaux rouges
Ces signes de gravité médicale sont des signes de probabilité d’une cause organique sous-jacente à la lombalgie qui peuvent justifier des explorations complémentaires.
- Douleur de type non mécanique : douleur d’aggravation progressive, présente au repos et en particulier pendant la nuit ;
- Symptôme neurologique étendu ( déficit dans le contrôle des sphincters vésicaux ou anaux, atteinte motrice au niveau des jambes, syndrome de la queue de cheval) ;
- Paresthésie au niveau du pubis (ou périnée) ;
- Traumatisme important ( telle qu’une chute de hauteur) ;
- Perte de poids inexpliquée ;
- Antécédent de cancer, présence d’un syndrome fébrile ;
- Usage de drogue intraveineuse ou usage prolongé de corticoides ( par exemple thérapie de l’asthme) ;
- Déformation structurale importante de la colonne ;
- Douleur thoracique ( = rachialgies dorsales) ;
- Age d’apparition inférieur à 20 ans ou supérieur à 55 ans ;
- Fièvre ;
- Altération de l’état général.
Indicateurs psychosociaux d’un risque accru de passage à la chronicité : drapeaux jaunes chez un travailleur lombalgique
Source : European guidelines for prevention in low back pain : november 2004, Burton AK, Balague F, Cardon G
Si certains de ces indicateurs sont présents, il existe un risque plus marqué de passage à la chronicité chez le travailleur lombalgique.
Problèmes émotionnels tels que : dépression, anxiété, stress, tendance à une humeur dépressive, retrait des activités sociales.
Attitudes et représentations inappropriées par rapport au mal de dos :
par exemple l’idée que la douleur représenterait un danger ou qu’elle pourrait entraîner un handicap grave, un comportement passif avec attente de solutions placées dans des traitements plutôt que dans une implication personnelle active.
Comportements douloureux inappropriés, en particulier d’évitement ou de réduction de l’activité lié à la peur
Problèmes liés au travail ( insatisfaction professionnelle ou environnement de travail jugé hostile)
ou problèmes liés à l’indemnisation ( rente, invalidité).
Facteurs pronostiques liés aux représentations perçues du travail et de l’environnement par le travailleur lombalgique : drapeaux bleus
Ces facteurs liés aux représentation perçues du travail et de l’environnement par le travailleur sont susceptibles d’influencer l’incapacité prolongée et de retarder le retour au travail.
- Charge physique élevée de travail ( peut être mesurée par l‘échelle de Borg) ;
- Forte demande au travail et faible contrôle sur le travail ( mesurable grâce à l’auto-questionnaire de Karasek) ;
- Manque de capacité à modifier son travail ( mesurable grâce à l‘auto-questionnaire de Karasek) ;
- manque de soutien social ( mesurable grâce à l’auto-questionnaire de Karasek) ;
- Pression temporelle ressentie ( mesurable grâce à l‘auto-questionnaire de Karasek) ;
- Absence de satisfaction au travail ( mesurable grâce à l’auto-questionnaire de Karasek) ;
- Stress au travail ( mesurable grâce à l’auto-questionnaire de Karasek) ;
- Espoir de reprise du travail ;
- Peur de la rechute.
Facteurs pronostiques liés à la politique de l’entreprise, au système de soins et d’assurance : drapeaux noirs
Ces facteurs liés à la politique de l’entreprise, au système de soins et d’assurance sont également susceptibles d’influencer l’incapacité prolongée et de retarder le retour au travail du travailleur lombalgique
- Politique de l’employeur empêchant la réintégration progressive ou le changement de poste ;
- Insécurité financière ;
- Critères du système de compensation ;
- Incitatifs financiers ;
- Manque de contact avec le milieu de travail ;
- Durée de l’arrêt maladie.
Tableaux des maladies professionnelles associés :
Tableau n°97 RG : Affections chroniques du rachis lombaire provoquées par des vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au corps entier (7,1 KiB, 120 658 hits)
Tableau n°98 RG : Affections chroniques du rachis lombaire provoquées par la manutention manuelle de charges lourdes (7,3 KiB, 249 101 hits)
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