Surveillance médico-professionnelle des travailleurs exposés à l’effet cancérigène des poussières de bois

Les poussières de bois arrivent au deuxième rang des cancérogènes professionnels après l’amiante, en terme de nombre de cancers induits et de maladie professionnelle. La société française de médecine du travail a publié des recommandations il y a quelques années, qui visent à optimiser la prévention : elles ont reçu à la fois le label de la HAS, Haute autorité de santé et de l’INCa, Institut national du cancer.

Divers professionnels de santé interviennent dans le suivi des travailleurs du bois
Cancer des cavités nasales et des sinus de la face
Surveillance médicale des personnes exposées aux poussières de bois
Examens disponibles pour dépister les adénocarcinomes naso-sinusiens
Protocole de dépistage
Suivi en médecine du travail des travailleurs du bois

 

Divers professionnels de santé interviennent dans le suivi des travailleurs exposés aux poussières de bois

500 000 travailleurs en France sont exposés ou ont été exposés aux poussières de bois.

80 cas de cancers naso-sinusiens dus aux poussières de bois sont reconnus chaque année en maladie professionnelle, sur le tableau N°47 des maladies professionnelles du régime général et le tableau n°36 du régime agricole.

  • Les médecins du travail et les médecins scolaires interviennent lorsque les salariés sont en activité.
  • Les médecins ORL, les radiologues sont concernés lorsque des travailleurs sont exposés depuis plus de 30 ans aux poussières de bois ou à la retraite.
  • Les médecins généralistes sont concernés lorsque les salariés sont à la retraite ou ont cessé leur activité.

Les travailleurs du bois qui ont le statut d’artisan peuvent être suivis dans le cadre de conventions passées entre le RSI, Régime social des indépendants et le médecin généraliste ou d’autres structures sanitaires, puisque les artisans ne bénéficient malheureusement pas d’un suivi en santé au travail comme les salariés. De nombreux travailleurs du bois ont le statut d’artisan.

Cancer des cavités nasales et des sinus de la face

Ces cancers sont les moins fréquents des cancers ORL, mais l’adénocarcinome naso-sinusien est considéré comme quasi spécifique de l’exposition aux poussières de bois.
Cette tumeur est souvent diagnostiquée trop tardivement donc de mauvais pronostic.

Risques des poussières de bois pour la santé

Surveillance médicale des personnes exposées aux poussières de bois

Travailleurs en activité

Les personnes exposées aux poussières de bois doivent bénéficier d’une suivi individuel renforcé, puisque le bois est cancérogène.

Travailleurs inactifs, retraités

Ils bénéficient d’une surveillance post-professionnelle :

  • examen médical tous les 2 ans avec un ORL,
  • radiographies pulmonaires et des sinus de la face,
  • éventuellement 5 à 6 coupes d’un sacnner de la face tous les 2 ans

Surveillance médicale des travailleurs du bois

Examens disponibles pour dépister les adénocarcinomes naso-sinusiens

  • Recherche de signes fonctionnels ORL : obstruction nasale persistante, épistaxis, est utile en consultation.
  • Radiographie standard des sinus : pas utile, faible sensibilité.
  • Tomodensitomètrie des sinus de la face (TDM) :
    pas assez spécifique, elle entraînerait trop de faux positifs,
    de plus cet examen qui coûte cher est irradiant.
  • IRM, imagerie par résonnance magnétique :
    c’est un examen non irradiant, plus spécifique et plus sensible que le scanner mais il y a actuellement peu d’IRM en France.
  • Nasofibroscopie : c’est un examen simple, disponible, bien toléré dont le coût est faible. Il rassemble donc plusieurs critères exigés pour dépister un processus tumoral.

Protocole de dépistage des personnes exposées aux poussières de bois

Recommandations pour la surveillance médico-professionnelle des travailleurs exposés à l’effet cancérigène des poussières de bois

Ces recommandations concernent tous les travailleurs du bois, peu importe la nature du bois ( dur ou tendre) ou la répartition granulométrique des poussières mais ne ciblent que les affections cancéreuses de la région naso-sinusienne.

Ce protocole de dépistage a pour objectif de diminuer la mortalité et la morbidité associés aux cancers naso-sinusiens, harmoniser les pratiques des médecins du travail et assurer une cohérence entre le suivi durant la vie professionnelle par le médecin du travail et la surveillance post-professionnelle assurée par le médecin généraliste.

Le diagnostic de ce cancer lorsque les premiers signes apparaissent est déjà trop tardif : seul un dépistage chez des sujets asymptomatiques permet de détecter des tumeurs à un stade précoce.

Suivi en médecine du travail des travailleurs exposées aux poussières de bois

Le médecin du travail doit inciter à réduire au maximum l’exposition aux poussières

En priorité l’exposition aux poussières de bois doit être réduite au maximum.

La valeur limite contraignante est actuellement de 1 mg/m3 en concentration atmosphérique de poussières de bois mesurée sur 8 heures au poste de travail.

Prévention pour les poussières de bois.

Information du salarié
Le médecin du travail ou le médecin scolaire doit informer le salarié sur les risques liés aux poussières de bois, il peut remettre le document de l’INRS : Les poussières au coin du bois
Il doit également informer sur les modalités de la surveillance médicale à la fois durant la vie active mais également lors du suivi post-professionnel.

Traçabilité individuelle des expositions aux poussières de bois
L’employeur doit transmettre la fiche individuelle d’exposition régulièrement mise à jour au médecin du travail.

Le médecin du travail doit enregister dans le dossier du salarié les données d’exposition aux poussières de bois : les données relatives aux expositions passées et/ou actuelles. Ces informations permettront au médecin du travail de compléter l’attestation d’exposition au départ du salarié de l’entreprise.

Fiche à remplir lors de l’examen médical

Lors de l’examen médical, le médecin du travail recherche des symptomes qui évoquent une tumeur : la fiche suivante doit être remplie et conservée dans le dossier médical

Date du jour de l’examen

Nom

Prénom

Interrogatoire

  • Avez-vous le nez bouché ? oui/non
    Si oui quelle narine ?droite/gauche
    Evaluer l’intensité de l’obstruction de la narine droite, puis de la narine gauche avec une échelle visuelle analogique allant de 0 à 10
    Depuis combien de temps avez-vous le nez bouché ?
    Avez-vous l’impression que ce phénomène s’est aggravé ? oui/non
  • Avez-vous une disparition de l’odorat ? oui/non
    Si oui, depuis combien de temps ?
  • Saignez-vous du nez ( le plus souvent de manière spontanée) ? oui/non
    Si oui, quelle (s) narines (s) ? droite/gauche
    combien de fois par mois ?
    Le phénomène est-il de plus en plus fréquent ?
  • Avez-vous un écoulement nasal (mucopurulent) d’un seul côté ? oui/non
    Si oui de quel côté ? droit/gauche
  • Avez-vous des douleurs de la face unilatérales persistantes ? oui/non
    Si oui de quel côté ? droit/gauche
  • Avez-vous un larmoiement unilatéral persistant ? oui/non
    Si oui de quel côté ? droit/gauche

Quels symptômes doivent conduire à demander un avis ORL ?

  • Une obstruction nasale nouvelle et/ou permanente et/ou persistante, unilatérale pendant plus d’1 mois et/ou
  • d’épistaxis récidivante unilatérale de faible abondance et/ou
  • de toute aggravation d’une pathologie nasale prééexistante,
  • de douleurs faciales unilatérales persistantes,
  • d’anosmie d’installation récente.

Quels symptômes imposent d’urgence une consultation spécialisée ?

  • Une diplopie,
  • des convulsions,
  • un syndrome déformant la face, avec élargissement de la base du nez,
  • une exophtalmie unilatérale avec baisse rapide de l’acuité visuelle,
  • un oedème péri-orbitaire unilatéral,
  • un syndrome méningé.

Quand proposer la nasofibroscopie ?

La nasofibroscopie est le seul examen capable de voir directement la tumeur dans la fente olfactive et le récessus ethmoido-sphénoidal.

La nasofibroscopie est proposée tous les 2 ans pour le suivi des personnes qui ont été exposées il y a plus de trente ans à des activités exposant aux poussières de bois, qu’elles soient encore en activité ou retraitées, dès l’instant qu’elles ont été exposées aux poussières de bois pendant plus de 12 mois cumulés, lors de tâches d’usinage du bois : sciage, fraisage, rabotage, perçage, ponçage, ou lors de toute activité documentée exposant à une concentration de poussières de bois de plus de 1 mg/m3 mesurée sur 8 heures.

Informations médicales avant la réalisation d’une nasofibroscopie

La nasofibroscopie est une exploration visuelle de la muqueuse de l’ensemble des fosses nasales et du pharynx : elle permet de dépister d’éventuelles lésions de la muqueuse nasale.

L’examen ne demande pas d’être à jeun.
Le patient est en position assise ou allongée.
Le fibroscope utilisé ressemble à un spaghetti, tuyau de 3,6 mm de diamètre qui est introduit dans la narine. Une anesthésie locale n’est généralement pas nécessaire, mais pour améliorer le confort et la tolérance de l’examen, un produit vasoconstricteur peut être administré quelques minutes avant l’examen : ce produit qui rétracte la muqueuse nasale facilite donc le passage du tuyau dans le nez.
Le passage dans les zones étroites du nez peut donner une sensation d’irritation ou de légères douleurs qui disparaissent immédiatement au retrait du fibroscope.

Tableaux des maladies professionnelles associés :

  Tableau n°47 RG : Affections professionnelles provoquées par les poussières de bois (68,7 KiB, 17 698 hits)

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