Recherche de microalbuminurie : tests urinaires

La microalbuminurie correspond à une augmentation faible mais pathologique de la quantité d’albumine éliminée dans les urines, non détectable par les moyens cliniques classiques, mais traduisant une néphropathie débutante, c’est à dire un trouble de fonctionnement du rein .

Microalbuminurie: marqueur précoce de néphropathie débutante
Méthode de mesure de la microalbuminurie
Néphropathies
Néphropathies toxiques indemnisées au titre des maladies professionnelles
Substances chimiques responsables de néphropathies toxiques professionnelles
Microalbuminurie : marqueur de risque cardiovasculaire
La bandelette « microalbumine »

La recherche de microalbumine dans les urines à l’occasion des visites de santé au travail permet notamment de dépister des néphropathies toxiques d’origine professionnelle.

Avant de réaliser cette recherche de microalbumine il convient d’éliminer au préalable la présence d’une protéinurie et d’une hématurie, à l’aide de bandelettes réactives Multistix.

Microalbuminurie: marqueur précoce de néphropathie débutante

La recherche de protéinurie est de pratique courante en médecine clinique pour dépister une néphropathie, surveiller un diabète, une hypertension.
Des tests sont désormais capables de détecter de faibles quantités de protéines dans les urines.
Le terme de microalbuminurie est apparu pour la première fois en 1982.

La microalbuminurie désigne une excrétion urinaire d’albumine en quantité très faible, intermédiaire entre les valeurs physiologiques de quelques milligrammes et les protéinuries franches, détectables par les bandelettes réactives classiques.

La microalbuminurie est un marqueur de néphropathie débutante à un stade précoce, elle témoigne d’une atteinte glomérulaire, mais également de lésions vasculaires généralisées.

Méthode de mesure de la microalbuminurie

La microalbumine est définie comme une excrétion urinaire d’albumine, comprise entre 30 et 300 mg/24h ou 20 à 200 µg/min

Rappel :

  • Normoalbuminurie: < 30 mg/24 h
  • Microalbuminurie: 30 à 300 mg/24 h
  • Macroalbuminurie: > 300 mg/ 24 h

La mesure de la microalbuminurie repose sur un taux d’excrétion, et implique normalement de recueillir les urines sur une période de temps donnée.
La détermination du rapport albumine/créatinine sur un échantillon aléatoire d’urine est désormais reconnue comme étant la méthode la plus simple, permettant d’obtenir des informations fiables et précises. (ANAES 1999).

L’excrétion urinaire de la créatinine étant constante sur 24 heures, son dosage sur un échantillon d’urine sera le reflet fidèle de la concentration de l’urine.
L’excrétion urinaire d’albumine varie beaucoup d’un jour à l’autre, ce qui nécessite de vérifier l’excrétion urinaire d’albumine à plusieurs reprises avant d’affirmer le caractère permanent d’une microalbuminurie:

Deux résultats positifs sur une période de 3 à 6 mois sont prédictifs d’une néphropathie débutante.

Facteurs susceptibles de modifier de façon transitoire l’excrétion urinaire d’albumine

  • Surcharge hydrique.
  • Hyperglycémie.
  • Infections urinaires.
  • Etat fébrile.
  • Effort physique intense.
  • Hypertension artérielle mal contrôlée.
  • Insuffisance cardiaque congestive.

Néphropathies

Le parenchyme rénal comporte 4 éléments:

  • Le glomérule.
  • Le tissu interstitiel.
  • Les vaisseaux.
  • Les tubes.

On individualise 4 types de néphropathies, suivant la lésion initiale prédominante

  • Néphropathies glomérulaires.
  • Néphropathies interstitielles.
  • Néphropathies vasculaires.
  • Néphropathies tubulaires.

La néphropathie peut être aiguë ou chronique.
Chaque rein est constitué d’un million de néphrons
Un néphron constitue l’unité fonctionnelle

Chaque néphron se compose:
de vaisseaux,
d’un glomérule: chargé de la filtration glomérulaire,
de tubes: tube proximal, anse de henlé, tube distal, segments terminaux

Les transferts glomérulaires et tubulaires permettent l’élaboration de l’urine définitive.

La protéinurie est le maître symptome des néphropathies glomérulaires

Néphropathies toxiques indemnisées au titre des maladies professionnelles

  • Le tableau n° 12 :
    Il indemnise les néphropathies tubulaires lors d’exposition professionnelle aux hydrocarbures aliphatiques halogénés.
  • Le tableau n° 45 :
    Il indemnise les néphropathies glomérulaires: manifestation extrahépatique due à l’infection aigüe par le virus de l’hépatite B.
  • Le tableau n° 61
    Il indemnise les néphropathies avec protéinurie provoquées par le cadmium et ses composés.

Substances chimiques responsables de néphropathies toxiques professionnelles

Un grand nombre de substances chimiques présentes dans l’environnement professionnel peuvent être responsables de néphrotoxicité.

La plupart des substances néphrotoxiques agissent principalement sur des segments ou des régions du néphron.
Le tube proximal est le site d’action le plus fréquent.
La sévérité des atteintes peut évoluer de la défaillance rénale aiguë à l’atteinte chronique lentement progressive

Métaux

Mercure
L’atteinte initiale par le mercure se situe sur le tubule proximale.
Hg Cl2 peut entraîner une nécrose tubulaire rapide.
L’exposition chronique produit une glomérulonéphrite extra-membraneuse de médiation immunologique.
Activités professionnelles concernées

  • Production de soude caustique.
  • Fabrication d’appareils de précision: baromètres…
  • Industrie électrique.
  • Préparation d’amalgames: dentisterie

Cadmium
Le cadmium s’accumule dans le rein après inhalation de fumées et de poussières.
L’atteinte porte sur le tube proximal et peut évoluer jusqu’à la néphrite interstitielle chronique.
Activités professionnelles concernées:

  • Fabrication d’accumulateurs au nickel-cadmium.
  • Industrie du zinc.
  • Industrie nucléaire.
  • Cadmiage des métaux: fer, acier, cuivre.
  • Fabrication et soudage d’alliages au cadmium.
  • Pigments des peintures et stabilisants des matières plastiques.

Plomb
Le plomb est un des néphrotoxiques parmi les plus anciennement identifiés.
Il peut être responsable d’atteintes aiguës irréversibles: atteintes des tubules proximaux, et de néphropathies chroniques irréversibles, associant atrophie tubulaire et fibrose.
L’atteinte chronique est habituellement réalisée lors d’expositions chroniques prolongées réalisant des plombémies élevées ( > 600 µg).
Activités professionnelles concernées:

  • Extraction, traitement du minerai.
  • Métallurgie du plomb et du zinc.
  • Chalumistes et soudeur (alliage).
  • Fabrication de munitions.
  • Fabrication d’accumulateurs.
  • Imprimerie.
  • Pigments des peintures, vernis, métaux.
  • * Incinérateurs

Uranium
Principalement utilisé dans l’industrie nucléaire, l’atteinte rénale porte sur le tube proximal.

Platine
Souvent rencontré en milieu de soins ( cisplatine), le platine entraîne des atteintes dose-dépendantes des cellules des tubes proximaux et distaux.

Chrome
Le chrome est clairement néphrotoxique lors d’expositions aiguës accidentelles importantes.
Activités professionnelles concernées:

  • Alliages anti-corrosion.
  • Chromage électrolytique.
  • Industrie de production ou utilisant des chromates et bichromates: tannerie, teinturerie, imprimerie, peinture.
  • Fabrication et soudure d’alliages à base de chrome

Solvants
Quel que soit le type :

  • solvants oxygénés: cétones, esters, glycols, éthers de glycol) ;
  • solvants halogénés: chlorés (chloroforme, tétrachlorure de carbone), bromés, fluorés
  • hydrocarbures aliphatiques, alicycliques, aromatiques ( toluène, xylène) et mélanges d’hydrocarbures ( pétrole, essence, kérosène, solvants naphta…) ;
  • autre solvants: azotés, nitrés, soufrés
  • Peinture et vernis.
  • Dégraissage des métaux.
  • Colles et adhésifs.
  • Imprimerie.
  • Parfumerie.
  • Nettoyage à sec.
  • Laboratoires de recherche.
  • Industrie de synthèse chimique.
  • Industrie du caoutchouc.
  • Agriculture: produits phytosanitaires.

Silice

  • Mines et carrières.
  • Fonderies.
  • Industrie de la céramique, verrerie, poterie.
  • Construction, bâtiment.
  • Prothèse dentaire.

Pesticides

Rôle des solvants associés
Herbicides: paraquat, diquat, en cas d’exposition importante

Microalbuminurie : marqueur de risque cardiovasculaire

La microalbuminurie, définie comme une albuminurie comprise entre 30 et 300 mg/24h est un facteur important et reconnu du suivi des patients diabétiques et hypertendus.

En pratique, il convient de mesurer une fois par an la microalbuminurie chez ces patients si le test par la bandelette standard est négatif, selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé.

Diabète

  • Après 5 à 15 ans d’évolution chez le diabétique de type I (insulino-dépendant),
    l’excrétion urinaire d’albumine commence à augmenter chez 25 à 40% d’entre eux.
    S’ils ne sont pas pris en charge:
    80% de ces diabétiques qui présentent une microalbuminurie risquent de développer une néphropathie avérée,
    alors que ce risque n’est que de 5% chez ceux qui ne présentent pas de microalbuminurie.
    La présence de microalbuminurie permet également d’identifier les patients diabétiques ayant un risque élevé de développer une néphropathie proliférative.
  • Chez le diabètique de type II ( non insulino-dépendant),
    la microalbuminurie est le signe avant-coureur d’une néphropathie débutante, mais elle est encore plus fortement prédictive de mortalité précoce.
    Près de 60% de ces patients meurent d’accidents cardiovasculaires dans les dix ans qui suivent la découverte d’une microalbuminurie.
    Un dépistage annuel est recommandé.

Hypertension artérielle

Une microalbuminurie peut apparaître dès les premiers stades de l’hypertension artérielle.

On l’observe:

  • dans 15 à 30% des hypertensions légères à modérées ;
  • dans plus de 50% des hypertensions sévères.

La microalbuminurie constitue un facteur d’un risque cardiovasculaire accru et de développement de néphroangiosclérose.
La microalbuminurie est réversible après normalisation de la pression artérielle chez les hypertendus traités.
Son contrôle régulier permet de vérifier l’efficacité du traitement anti-hypertenseur et de prévenir l’atteinte rénale.

Un dosage positif de microalbuminurie , c’est à dire confirmé sur 2 mesures, nécessite une réévaluation de la prise en charge de l’hypertension artérielle.

La bandelette « microalbumine »

Cette bandelette est un outil pour le médecin du travail pour dépister des néphropathies débutantes à un stade précoce.

Avant de réaliser une recherche de microalbuminurie, il convient d’éliminer au préalable la présence d’une protéinurie et d’une hématurie à l’aide de bandelettes spécifiques.

La bandelette permet de détecter simultanément dans les urines: la microalbumine et la créatinine, et de déterminer un rapport albumine/créatinine.

Les résultats positifs, anormal, et anormal élevé, sont considérés comme pathologiques s’ils sont confirmés à 2 reprises.
Ils doivent ensuite être quantifiés sur les urines de 24 heures.

Tableaux des maladies professionnelles associés :

  Tableau n°12 RG: Affections professionnelles provoquées par les hydrocarbures aliphatiques halogénés énumérés ci-après : dichlorométhane ; trichlorométhane ; tribromométhane ; triiodométhane ; tétrabr (77,3 KiB, 9 820 hits)

  Tableau n°45 RG : Infections d'origine professionnelle par les virus des hépatites A, B, C, D et E (221,9 KiB, 13 235 hits)

  Tableau n°61 RG : Maladies professionnelles provoquées par le cadmium et ses composés (6,8 KiB, 2 310 hits)

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