Même une surdité professionnelle peut désormais être appareillée !

Prévenir l’exposition au bruit mais également aux substances ototoxiques est une priorité au poste de travail. Néanmoins de nombreux travailleurs qui ont débuté leur carrière il y a plusieurs décennies ont subi une exposition au bruit et présentent aujourd’hui une surdité. Le tableau n°42 du régime général ou 46 du régime agricole des maladies professionnelles permet de reconnaître cette surdité au titre des maladies professionnelles. Jusqu’à une époque récente une surdité professionnelle ne pouvait pas être appareillée. En effet contrairement à une presbyacousie qui atteint de façon harmonieuse l’ensemble des fréquences auditives, une atteinte auditive qui résulte d’une exposition sonore chronique débute par un scotome auditif aux 4000 Hz ; Aujourd’hui les progrès technologiques permettent de compenser ce déficit auditif grâce à des prothèses auditives adaptables aux besoins de chacun.

Surdité professionnelle
Depuis quand sait-on appareiller les surdités professionnelles ?
Quelle innovation technique permet maintenant de corriger ces surdités professionnelles ?
Comment fonctionne une prothèse auditive? 
Une prothèse auditive peut-elle avoir un impact positif sur les acouphènes ?
Une prothèse auditive est-elle réglée pour chaque personne ? 
Comment entretenir un appareil auditif ?
Quelle prise en charge pour la prothèse auditive lorsque la surdité est reconnue en maladie professionnelle ? 
Port de prothèse auditive en ambiance bruyante 

Surdité professionnelle 

La surdité professionnelle résulte d’un traumatisme sonore chronique : c’’est une surdité de perception bilatérale et symétrique, avec atteinte endocochléaire donc irréversible.
Le tableau n°42 du régime général et le tableau n° 46 du régime agricole permettent de reconnaître la surdité professionnelle au titre des maladies professionnelles.

Pour la rédaction de cet article nous avons interviewé Ruben Krief, Audioprothésiste D.E, responsable audiologie, Société Vivason

Depuis quand sait-on appareiller les surdités professionnelles ?

L’appareillage des surdités professionnelles existe depuis longtemps, cependant les appareils n’ont pas toujours été suffisamment performant pour réussir l’adaptation, manque de canaux de réglages, problème de compression, de limiteur de sortie…
Depuis l’avènement du numérique nous avons des outils beaucoup plus précis.

Quelle innovation technique permet maintenant de corriger ces surdités professionnelles ? 

Les aides auditives numériques modernes assurent une plus grande finesse d’adaptation par rapport aux générations précédentes, notamment grâce à un nombre plus élevé de canaux de réglages (jusqu’à 24 aujourd’hui selon les marques et les modèles). Cela permet de corriger plus précisément l’audition du patient. Il y a également de meilleurs anti-larsen, facilitant l’appareillage dit “open-fitting”, sans embout sur mesure. Ce type d’appareillage, notamment avec un micro-contour d’oreille RIC, est particulièrement indiqué dans le cas d’une perte auditive accentuée sur les aigus comme beaucoup de cas de surdités professionnelles. Il existe également de nombreuses fonctionnalités permettant d’affiner le traitement de ces fréquences, avec par exemple des systèmes de compression / transposition fréquentielle qui permettent de corriger des fréquences inaudibles par le patient en les “déplaçant” dans une plage fréquentielle perceptible. Enfin, des techniques de contrôle comme la mesure in vivo permettent de vérifier l’efficacité des réglages pour assurer une plus grande précision.

Comment fonctionne une prothèse auditive ?

Les appareils auditifs numériques comportent cinq éléments :

  • le(s) microphone(s) : capte(nt) les sons qui sont convertis en signaux numériques
  • le microprocesseur : traite ces signaux numériques. C’est à ce niveau qu’interviennent les principales fonctionnalités d’un appareil auditif (amplification du signal, réduction du bruit, compression fréquentielle etc.).
  • l’écouteur : une fois traité, le son parvient à l’oreille du patient via l’écouteur.
  • la pile ou la batterie rechargeable : assure l’alimentation électrique
  • des éléments de contrôle : ils programmables, permettent au patient de régler le volume ou de sélectionner des programmes personnalisés paramétrés par l’audioprothésiste.
    En effet il est possible de créer un programme personnalisé en fonction des besoins du patient, par exemple programmer les aides auditives pour des situations récurrentes et complexes : restaurant, réunion, musique etc.).
    De multiples paramètres peuvent alors être modifiés : mode microphonique, traitement de signaux, compression acoustique, niveau de sortie.

A noter également qu’il existe un grand nombre d’appareils compatibles Bluetooth (2,4gHz), la majorité en contour ou micro-contour d’oreille.
Cette connectivité permet selon les cas:

  • de se connecter à sa télévision ou toute source audio via un accessoire compatible servant de relais propre à chaque fournisseur,
  •  de se connecter directement à un iPhone pour contrôler ses appareils auditifs via une application et streamer directement l’audio du portable vers les aides auditives,
  • de se connecter directement à un smartphone Android pour contrôler ses appareils auditifs via une application ( Android n’étant pas encore prêt pour le streaming, prévu pour la fin de l’année.

Une prothèse auditive peut-elle avoir un impact positif sur les acouphènes ? 

Oui la prothèse auditive est fortement recommandée dans la prise en charge des acouphènes. Ces derniers sont accompagnés d’une perte auditive dans la grande majorité des cas. L’amplification de la prothèse auditive soulage immédiatement, diminue l’intensité perçue de l’acouphène grâce au son ambiant que le patient retrouve. Cela permet de moins focaliser son attention sur le sifflement, qui est de nouveau “mélangé” avec le paysage sonore.

En plus de l’amplification, la plupart des aides auditives numériques disposent aujourd’hui d’un programme pour la gestion des acouphènes. Il s’agit d’un générateur de bruit blanc qui se cale sur la ou les fréquences des sifflements. Cette thérapie permet de diminuer la gêne en réduisant l’intensité perçue de l’acouphène au bout de plusieurs mois. Elle permet également de réduire la dimension aversive et négative de la perception de l’acouphène.

Une prothèse auditive est-elle réglée pour chaque personne ? 

Oui, le réglage est personnalisé. Une prothèse auditive est paramétrée selon le seuil auditif, les seuils d’inconfort, les caractéristiques du conduit auditif et les sensations de chaque patient. Chaque cas est différent et nécessite une adaptation et une attention particulières. D’où l’importance de choisir un audioprothésiste qui soit à l’écoute et impliqué. Le suivi, indissociable de l’appareil, est la clé de voûte d’un appareillage auditif efficace.

Comment entretenir un appareil auditif ? 

L’entretien d’un appareil auditif demande une certaine rigueur. Il faut nettoyer ses embouts, changer les filtres anti-cérumen, faire sécher ses appareils pour éviter des pannes dues à l’humidité etc. Si l’appareil n’est pas bien entretenu, sa durée de vie est réduite, les pannes sont plus fréquentes et il se peut que l’appareil ne fonctionne pas correctement (écouteur bouché par exemple).

La durée de vie des piles dépend du modèle.
Il existe 4 types de pile avec des autonomies variables :

  • 4 jours d’autonomie avec une pile 10
  • 7 jours d’autonomie avec une pile 312
  • 14 jours d’autonomie avec une pile 13
  • 21 jours d’autonomie avec une pile 675

Certains appareils disposent de voyants lumineux indiquant le niveau d’autonomie. Sinon, la plupart des appareils proposent des notifications sonores pour alerter le patient.

Lorsqu’un travailleur est exposé à son poste à des poussières, pour entretenir sa prothèse auditive, il faut penser à bien nettoyer et sécher ses appareils auditifs avec des capsules déshydratantes, une bombe à air etc.
De plus, la plupart des appareils auditifs modernes disposent aujourd’hui d’un nano revêtement plus ou moins hermétique à l’humidité et la poussière. Pour autant, cela ne dispense pas le patient d’entretenir son appareil.

Quelle prise en charge pour la prothèse auditive lorsque la surdité est reconnue en maladie professionnelle ? 

Si la surdité est reconnue comme maladie professionnelle, le patient a droit à une meilleure prise en charge : bénéficier du régime de prise en charge à 100% par la sécurité sociale soit 300€ par appareil auditif en 2019.
Une personne en activité professionnelle peut également faire une demande de Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) auprès de la MDPH pour pouvoir bénéficier d’une aide financière de l’AGEFIPH (secteur privé) ou du FIPHFP (secteur public). A cela s’ajoute la prise en charge de la mutuelle. Le tout permet dans la plupart des cas d’obtenir un reste à charge de zéro euro.

Port de prothèse auditive en ambiance bruyante 

En cas de surdité professionnelle, il reste important de se protéger du bruit avec des protections auditives spécifiques, conçues pour des milieux professionnels bruyants.
Il est toutefois possible de porter une prothèse auditive en ambiance bruyante : si les aides auditives sont équipées d’embout sur mesure avec un programme en mode “off”, elles contribuent à réduire les nuisance sonore grâce à l’obturation du conduit auditif par l’embout.

Tableaux des maladies professionnelles associés :

  tableau n°42 RG : Atteinte auditive provoquée par les bruits lésionnels (69,2 KiB, 50 284 hits)

  Tableau n°46 RA : Affections professionnelles provoquées par les bruits (38,0 KiB, 15 354 hits)

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