La maladie à virus Zika

La maladie à virus Zika est une infection virale transmise essentiellement par la piqûre des moustiques du genre Aedes. Le virus Zika se propage actuellement de manière explosive dans la région des Amériques, avec 3 à 4 millions de cas attendus en 2016, mais il est également largement présent en Afrique, comme l’a récemment évalué l’OMS, bien que peu de cas soient déclarés. Cette infection à virus Zika est le plus souvent banale ou asymptomatique, mais quand elle survient chez une femme enceinte,  elle est suspectée de provoquer des malformations graves chez le fœtus. Les médecins du travail sont également concernés par cette nouvelle épidémie puisqu’ils délivrent régulièrement des aptitude à voyager  à des employés amenés à effectuer des voyages internationaux pour leur travail.

Le virus Zika, ZIKAV Infection à virus Zika  Comment se protéger de la maladie à virus Zika ?

Le virus Zika, ZIKAV

Zika est un arbovirus isolé en 1947

Zika est un arbovirus qui tire son nom du lieu où il a été isolé pour la première fois en 1947 : la forêt Zika en Ouganda où il a été isolé chez un un singe macaque rhésus. Quelques années plus tard ce Flavivirus était mis en évidence chez un moustique Aedes africanus et sa transmission par des arthropodes d’un homme malade à un homme sain était démontrée.

Jusqu’à très récemment, le virus Zika était transmis surtout par des moustiques et des tiques dans une zone équatoriale étroite d’Afrique et d’Asie, provoquait des infections inapparentes dans 80% des cas, ou en tout cas avec des signes banaux : fièvre, fatigue, douleurs musculaires, parfois rash cutané. Aucun cas grave voire de décès n’avait été rapporté jusqu’ici.

Répartition géographique du virus Zika

La répartition géographique du virus Zika s’est considérablement étendue le virus Zika est sorti des régions d’Afrique ou d’Asie dans lesquelles il était jusqu’ici confiné pour atteindre la Polynésie en 2013, puis le virus Zika a atteint récemment 22 pays d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale et des caraïbes.

Pourquoi l’épidémie a pris un caractère explosif ?

Selon l’OMS cette épidémie a pris un caractère explosif puisque le premier cas brésilien remonte à mai 2015 et plusieurs millions de personnes ont été infectées depuis. Selon les experts, cette flambée épidémique pourrait s’expliquer, comme pour la dengue et le chikungunya

  • par les conditions climatiques et socio-démographiques favorables à la pullulation des Aedes (concentration urbaine dans de mauvaises conditions d’hygiène),
  • à l’accroissement exponentiel des voyages internationaux
  • et peut-être à une meilleure adaptation de ces moustiques à l’espèce humaine.

Carte interactive de la maladie à virus Zika sur le site du CDC

Carte interactive sur le site du CDC 

Afrique : évaluation récente par l’OMS

Peu de cas d’infections à virus Zika ont été officiellement déclarés en Afrique, néanmoins l’OMS a réalisé une évaluation récemment et a publié un rapport . Elle considère qu’il existe un risque élevé d’infection à virus Zika dans les pays suivants :

  • Comoroes
  • Guinée-Bisseau
  • République Centrafricaine
  • Madagascar
  • Sud Soudan
  • Ethiopie
  • Cap vert
  • Tchad
  • Togo
  • Nigeria
  • Guinée Equatoriale
  • Burundi
  • Angola
  • Benin
  • Cote d’Ivoire
  • Liberia
  • Mozambique
  • Erithrée
  • Cameroun
  • Mauritanie

Infection à virus Zika

La maladie à virus zika ( ZIKAV) est une arbovirose au même titre que la dengue et le chikungunya, également transmis par des moustiques. A noter que la transmission des 3 virus, dengue, chikungunya et Zika au cours d’une même piqûre de moustique n’est pas exclue.

Symptomes de l’infection à virus Zika

La maladie à virus Zika  ne donne pas de symptômes dans les 3/4 des cas. Les symptômes quand ils sont présents sont le plus souvent de type grippal (fièvre modérée, maux de tête, courbatures) avec des éruptions cutanées et se manifestent dans les 3 à 12 jours qui suivent la piqûre par le moustique contaminé. L’infection par le virus Zika peut également se manifester par une conjonctivite ou par une douleur derrière les yeux, ainsi que par un œdème des mains et/ou des pieds.

Mais cette épidémie de maladies à virus Zika s’accompagne d’une recrudescence des cas de microcéphalies dans les zones touchées chez des femmes infectées en début de grossesse et depuis quelques mois de nouvelles manifestations pouvant être liées à l’infection par le virus Zika ont en effet été décrites : c’est ainsi que 73 cas de syndromes de Guillain Barré ont été rapportés en Polynésie Française au cours de l’épidémie de 2013.

Zika et grossesse

Il y a quelques semaines, les autorités sanitaires brésiliennes rapportaient une multiplication par 20 du nombre de cas de microcéphalies diagnostiquées chez les nouveau-nés dans le Nord-Est du pays avec plus de 3 000 cas dénombrés en janvier. Cette flambée de microcéphalies est intervenue dans le même temps que l’explosion de l’épidémie d’infection à virus zika. Cette association épidémiologique temporelle était cependant insuffisante pour démontrer formellement le rôle direct du virus dans ces malformations gravissimes.

Cette épidémie de microcéphalies a été associée très récemment par le CDC à l’ infection à virus Zika lors du début de la grossesse : de nombreux éléments plaidaient en faveur d’une complication de l’infection, puisque du génome viral a été retrouvé dans le liquide amniotique de deux femmes portant des fœtus microcéphales au Brésil.

Les recherches sont en cours, pour éliminer un autre agent infectieux ou une étiologie environnementale Le risque de transmission dans le placenta se situe durant la virémie qui est courte : 5 à 7 jours  après le début des symptômes. C’est au plus dans les 12 jours qui suivent la piqûre de moustique dans le cas des infections asymptomatiques. En cas de fièvre chez une femme enceinte pendant ou au retour d’une zone de transmission du virus Zika, des examens sanguins et/ou urinaires sont indiqués. En cas d’infection confirmée, l’attitude à adopter doit être discutée avec le gynécologue, et si possible avec des spécialistes en médecine materno-fœtale et infectiologie.

Infection à virus Zika, maladie sexuellement transmissible

Le premier cas d’infection sexuellement transmissible par le virus Zika a été confirmé par le CDC aux États-Unis. Début février 2016, les responsables locaux de la santé du comté de Dallas ont signalé deux cas d’infection par le virus Zika ; l’un chez un individu qui venait de rentrer du Venezuela et le second chez le partenaire sexuel du voyageur. L’incident n’est que le second cas enregistré d’infection par le virus Zika transmise sexuellement. En 2008, un chercheur de l’Université d’État du Colorado spécialisé dans l’étude des virus transmis par les moustiques a été infecté par le virus Zika alors qu’il travaillait au Sénégal. Sa femme, qui n’était pas sortie du pays, a par la suite reçu un diagnostic de la maladie. En 2013, le virus Zika a été isolé à partir du sperme d’un homme tahitien, mais le virus n’a pas été transmis à quelqu’un d’autre. Le CDC a indiqué que les femmes devaient consulter leur médecin si leur partenaire avait été exposé au virus. Site du CDC :  transmission par voie sexuelle du virus Zika On ne sait pas encore combien de temps le virus Zika survit dans le sperme, mais les recommandations actuelles au Royaume-Uni, par exemple précisent que les hommes qui reviennent de zones d’endémie doivent utiliser des préservatifs pendant au moins 28 jours et que les hommes présentant des symptômes du virus Zika doivent continuer à utiliser des préservatifs pendant 6 mois. Il est conseillé aux couples d’attendre au moins un mois avant de concevoir un enfant si l’un des partenaires est de retour d’une zone à forte prévalence. Les femmes enceintes doivent par ailleurs éviter les voyages vers les pays touchés.

Mettre en évidence le virus Zika dans l’organisme

Pendant la première semaine qui suit les symptomes, la confirmation biologique de l’infection à virus Zika peut être facilement réalisée par détection de l’ARN du virus dans le sérum en utilisant la reverse transcription PCR, la technique RT-PCR.

Des IgM dirigées contre le virus Zika peuvent être dosées mais peu de laboratoires sont capables de le réaliser actuellement. La détection du génome viral par RT-PCR peut également être réalisée :

  • dans des échantillons d’urine : ils restent positifs pendant environ 20 jours, donc plus longtemps que le sérum . Tester les urines peut être intéressant pour un diagnostic tardif. Les cultures d’urine sont restées négatives dans toutes les études publiées à ce jour, les urines sont à priori non infectantes.
  • dans le lait chez les femmes qui allaitent, mais les mises en cultures se sont toutes révélées négatives ce jour, l’allaitement n’est donc pas contre-indiquées chez les femmes qui ont présentées une infection à virus Zika.
  • dans la salive de personnes infectées par Zika.
  • dans le sperme, les cultures sont positives, le sperme est donc infectant, des cas de transmission, sexuelle ont été rapportées.

Site du CDC : détecter le virus dans les urines et le sérum 

Au-delà de cette première semaine, c’est à dire lorsque le patient se présente plus tardivement, le diagnostic doit être posé par analyse sérologique : les anticorps IgM et IgG spécifiques contre le virus zika deviennent positifs à partir de la fin de la première semaine de la maladie. Mais l’analyse de cette sérologie peut s’avérer difficile car les anticorps anti-zika présentent des réactions croisées contre les antigènes d’autres flavivirus.

La maladie à virus Zika est une maladie à déclaration obligatoire dans certains pays

En France

En Suisse L’infection à virus Zika est également à déclaration obligatoire,

  • les médecins déclarent, dans les 24 heures, les résultats d’analyses cliniques,
  • Les laboratoires déclarent, dans les 24 heures,
    • tout résultat positif obtenu par culture ou par PCR,
    • ou par la mise en évidence d’anticorps (IgM, IgG ou séroconversion).

Les formulaires « Infection à virus Zika » sont disponibles .

Comment se protéger de la maladie à virus Zika ?

Il n’existe pas de traitement curatif, ni de vaccin contre la maladie provoquée par le virus Zika. Le traitement est donc purement symptomatique . L’utilisation d’aspirine est fortement déconseillée en raison des risques de saignement.

Il faut se protéger des piqûres de moustiques : le moustique qui transmet le virus Zika a une activité surtout durant la journée avec une recrudescence d’activité le matin et en fin de journée. C’est donc surtout dans la journée qu’il faut se protéger.

Se protéger des piqûres de moustiques

Il faut utiliser des répulsifs, à la fois sur la peau et sur les vêtements. Les produits à utiliser sont différents. Le répulsif à utiliser sur la peau doit contenir un principe actif, tel que le DEET (au moins 20%,  si le taux est supérieur, la protection est de plus longue durée, préférer un taux de 10% pour les enfants). En cas d’utilisation de solaires et de répulsifs, il faut appliquer d’abord le produit solaire. Il est conseillé de porter des vêtements à manches longues pour se protéger des piqûres de moustiques mais les moustiques peuvent piquer à travers les vêtements c’est pourquoi on conseille d’utiliser également un répulsif spécifique pour les vêtements, par exemple un produit contenant de la permethrine. Mieux vaut dormir en ambiance climatisée ou au moins se protéger avec une moustiquaire. Pour faire face à l’épidémie,  l’OMS ou les autorités sanitaires des pays concernés insistent sur la lutte anti moustique. Celle-ci passe notamment par la destruction des gites de moustiques (éliminer le plus possible les récipients contenant de l’eau stagnante), l’utilisation large d’insecticides,  des moustiquaires et l’air conditionné.

Recommandations pour les femmes enceintes

Quoi qu’il en soit, des précautions drastiques vis à vis des piqûres de moustiques sont recommandées aux femmes enceintes vivant dans les zones infestées ainsi qu’une surveillance échographique renforcée des grossesses. Il est déconseillé aux femmes enceintes, à tout moment de la grossesse, de se rendre dans les régions avec une transmission active du Zika. Si une femme ne peut pas différer le voyage :

  •  respecter les mesures de protection contre les piqûres de moustiques ;
  • éviter tout rapport sexuel non protégé pendant le voyage ;
  • à son retour, pendant la durée de la grossesse, éviter tout rapport sexuel non protégé avec un homme ayant pu être infecté par le virus Zika ;
  • consulter un praticien en cas de signes cliniques évocateurs d’une infection Zika, pendant le voyage ou au retour.

Si une femme a un projet de grossesse et prévoit de voyager en zone d’épidémie de Zika :

  • envisager de reporter le projet de grossesse 2 mois après son retour de voyage ou de reporter son voyage,
  • en cas de report de voyage, éviter tout rapport sexuel non protégé avec un homme ayant pu être infecté par le virus Zika ;
  • envisager, en cas de voyage, une contraception pendant la durée du voyage;

Il subsiste de nombreuses questions sans réponse à l’heure actuelle à propos de cette infection à virus Zika, notamment les causes de l’ augmentation apparente de sa gravité : s’agit-il d’une évolution du virus ou de la mise en évidence de complications qui étaient jusque là passées inaperçues dans des régions sous médicalisées ? Quelles que soient les réponses à ces questions et en attendant un hypothétique antiviral et un vaccin, il faut se concentrer sur des mesures de santé publique: lutte contre les moustiques, protection individuelle des femmes enceintes, surveillance renforcée des grossesses…Dans le cadre de l’activité professionnelle, tout déplacement d’une femme enceinte en zone avec une transmission active de  Zika est bien sûr contre-indiquée.

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