Conditions de travail des mineurs en Afrique du Sud : leurs répercussions sur la santé
L’exploitation minière a toujours été associée à des conditions de travail extrêmement dures, le métier des mineurs est l’un des plus difficiles. Dans les mines d’Afrique du Sud, où l’on extrait du platine, de l’or, du diamant, etc. Il existe une particularité puisque l’on creuse extrêmement profond, jusqu’à 3 500 mètres de profondeur. Des hommes et même des femmes ( leur nombre est en constante augmentation) travaillent ainsi dans des conditions extrêmes. Des études ont été conduites récemment chez des mineurs d’Afrique du sud.
Conditions de travail des mineurs en Afrique du Sud
Détermination des dépenses énergétiques et des astreintes physiologiques des mineurs
Mesure du stress chez les mineurs de fond, hommes et femmes, en Afrique du sud
Le sous-sol d’Afrique du Sud est très riche en minerais.
La taille des entreprises qui extraient le minerai est très variable, de quelques dizaines à quelques centaines de milliers de salariés. Beaucoup d’entre eux travaillent en horaire posté compte tenu des impératifs de production. Il y a de plus en plus de femmes qui travaillent dans les mines, des travailleurs vieillissant…La nouvelle génération refuse d’aller travailler dans cet enfer !
Des études ont été conduites à l’Institut à Johannesburg pour l’ innovation minière, CSIR, Council for scientific ans industrial research, Centre for mining innovation. Deux d’entre elles ont été présentées lors de la conférence INRS consacrée aux multi expositions en mars 2012 : Risques liés aux multiexpositions-2012-recueil des résumés.
Conditions de travail dans les mines en Afrique du Sud
Les mineurs travaillent en ambiance confinée, puisqu’ils interviennent dans une veine, disposent donc de très peu d’espace, ce qui leur impose d’adopter des postures très contraignantes.
Le travail à une telle profondeur est physiquement très difficile parce qu’il est également très peu mécanisé.
Les mineurs sont exposés à une température très élevée puisque la température à 3,5 kilomètres de profondeur varie de 60 à 80°, il faut donc ventiler les espaces de travail.
Les mineurs sont également exposés aux poussières, aux vibrations et au bruit qui peut atteindre 120 dB.
Les équipements de protection individuelle à disposition des mineurs ne prennent pas en compte les contraintes physiologiques du mineur.
Détermination des dépenses énergétiques et des astreintes physiologiques des mineurs
P.C Schutte et T.Grové qui travaillent au CSIR, Council for scientific ans industrial research, Centre for mining innovation, ont évalué le degré de pénibilité du travail des mineurs en évaluant les dépenses énergétiques et l’astreinte physiologique associées aux travaux souterrains.
La fréquence cardiaque est un indice d’astreinte physique, de même que la température centrale du corps puisqu’un travail physique intense fait augmenter la température centrale.
Pour déterminer les dépenses énergétiques et les astreintes physiologiques, le rythme cardiaque et la température centrale de femmes et d’hommes mineurs ont été enregistrés. Le rythme cardiaque a permis d’estimer les dépenses énergétiques : en couplant cette donnée avec la température centrale du corps l’indice d’astreinte physiologique a pu être calculé.
La température centrale du corps a été évaluée grâce à l’absorption d’un capteur sous forme de gélule :
la température centrale du corps du mineur peut atteindre 39° lors d’un travail de routine, voire 40° lors d’un travail physique très pénible.
Diverses tâches ont été observées, dans 22 métiers différents au sein de la mine et des relations ont ainsi pu être établies entre les exigences physiques d’une tâche d’une part et les dépenses énergétiques et l’astreinte physiologique d’autre part.
Il ressort de cette étude que les tâches les plus pénibles sont celles où les personnes cassent la roche : mais les conditions de travail difficiles le sont généralement pour des travaux de courte durée, en moyenne 49 minutes et jamais plus de 30 minutes de manière continue.
Dans tous les métiers observés, un faible taux métabolique a été enregistré, ce qui tend à prouver que l’organisme de ces travailleurs s’adapte aux conditions de travail difficiles.
Des femmes travaillent également à la mine : la capacité aérobique des femmes est généralement moins importante que celles des hommes, elles subissent donc davantage de stress physiologique que les hommes. Cette observation doit être prise en compte lors de l’affectation des femmes à des activités qui comportent une charge physique élevée.
Mesure du stress chez les mineurs de fond, hommes et femmes, en Afrique du sud
Le travail dans les mines est très difficile mais peu d’informations sont actuellement disponibles sur le niveau de stress professionnel des mineurs de fond. Il semble primordial de s’intéresser au stress des mineurs car ce facteur compromet la sécurité au travail et est à l’origine de divers problèmes de santé. Le stress trouve ses origines à la fois dans les contraintes physiques et mentales.
Une étude a été conduite par Anita Edwards, qui travaille au CSIR, Council for scientific ans industrial research, Centre for mining innovation, pour tenter d’évaluer le stress des mineurs « Stress au travail chez les mineurs d’Afrique du sud ».
Conduire une telle étude s’est avérée difficile car l’anglais est la langue officielle en Afrique du sud, mais onze autres langues sont parlées dans le pays. Les scientifiques parlent l’anglais ou l’afrikaans, les ouvriers parlent zoulou, etc
Il était difficile de savoir quels outils utiliser pour mesurer le stress professionnel, comment traduire les termes dans toutes les langues parlées.
L’étude a mesuré le stress à la fois de façon objective et de façon subjective chez 173 mineurs qui travaillaient à des postes différents : tous les mineurs étaient volontaires, provenant de différentes mines, travaillaient avec des minerais différents, en surface ou en souterrain, certains travaillaient de jour, d’autres de nuit. Parmi les mineurs intégrés dans cette étude, il y avait des mineurs supposés être très stressés, notamment des pompiers, soumis à un stress très important en cas d’accident et des mineurs au contraire sensés être moins stressés. L’étude a également inclus des mineurs qui rentraient de vacances (un mineur en Afrique du Sud bénéficie d’un mois de vacances sur douze).
La mesure du stress psychologique a été réalisée grâce à 3 questionnaires :
- Job content questionnaire questionnaire sur le stress du contenu de la tâche ( questionnaire de Karasek)
- Subjective fatigue checklist ( questionnaire sur la fatigue subjective ressentie)
- General health questionnaite ( questionnaire sur l’état de santé général)
Tandis que la mesure objective du stress a été réalisée grâce à la mesure du cortisol salivaire au moyen d’une salivette pour évaluer la concentration de cortisol dans la salive : un taux de cortisol salivaire au delà de la normale est considéré comme un indicateur de stress.
Au vu des résultats les auteurs de cette étude ont considéré que les outils de mesure utilisés constituaient un bon moyen pour mesurer le stress au travail chez les mineurs d’Afrique du Sud.
Peu de différences ont été observées entre les hommes et les femmes, y compris pour le contenu de la tâche. Les résultats ont montré que 36% des mineurs travaillant la nuit présentaient des symptômes de fatigue physique et 31% d’entre eux se plaignaient de difficultés pour se concentrer.
Les niveaux de stress observés ont été qualifiés de modérés puisque la latitude décisionnelle, d’une part, était modérée et les exigences psychologiques, d’autre part, étaient également modérées : ces paramètres ont été mesurés au moyen du questionnaire de Karasek.
Une faible latitude décisionnelle ( elle prend en compte à la fois l’autonomie décisionnelle et l’utilisation des compétences. ) n’est pas source de stress si elle est associée à une faible demande psychologique ( elle correspond à la charge psychologique associée à l’exécution des tâches, à la quantité et à la complexité des tâches, aux tâches imprévues, aux contraintes de temps, aux interruptions et aux demandes contradictoires ).
Les résultats objectivent également une faible détérioration de l’état de santé et du bien-être psychologique.
Après le travail, 17% des mineurs avaient un taux de cortisol salivaire au delà des valeurs attendues. Ce sont les hommes qui ont les taux de cortisol salivaire les plus élevés, et les mineurs de race blanche.
La mortalité dans les mines d’Afrique du Sud a nettement diminué puisqu’en 1930, il y avait 93 décès pour 1 000 mineurs, tandis qu’au cours des 4 dernières années, on a dénombré 4 coups de chaleur mortels pour 450 000 mineurs. Mais les conditions de travail demeurent extrêmement pénibles, même si elles tendent à s’améliorer : les atmosphères de travail sont désormais davantage ventilées, les mineurs peuvent théoriquement travailler à leur rythme, se reposer quand ils en ressentent le besoin, etc
Quelques études ont été entreprises pour tenter d’évaluer le retentissement de ces conditions de travail extrêmes sur la santé, mais elles doivent être renouvelées et approfondies.
L’Afrique du Sud rencontre de nombreux problèmes sociaux et sociologiques, la colère gronde depuis plusieurs semaines dans les mines du pays, la nouvelle génération ne veut plus aller travailler dans l’enfer de la mine.
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