Quelle est la conduite à tenir chez une salariée qui désire une groessesse et qui prépare des chimiothérapies dans le cadre de son travail ?

Je suis préparatrice en pharmacie, j’ai travaillé un an en reconstitution de chimiothérapies ( dont du cyclophosphamide), je désire une grossesse : mon employeur me conseille d’être reclassée durant 6 mois, sans aucun contact avec la chimio, compte tenu de la demi-vie de 6 mois du cyclophosphamide, avant de concevoir un enfant, afin d’éliminer toute trace de produit tératogène. Est-ce qu’il existe des recommandations dans ce domaine ?

En réalité, la demi-vie d’élimination plasmatique du cyclophosphamide (Endoxan) est comprise entre 4 et 7 heures (voir RCP sur le dictionnaire Vidal) : il n’y a pas d’accumulation et le produit a disparu de l’organisme au bout d’une quarantaine d’heures ( > 5 demi-vies).

Le cyclophosphamide est un agent alkylant dont le pouvoir tératogène est établi : le traitement  au cours du premier trimestre peut être responsable de malformations squelettiques et de fentes palatines, ainsi que de malformations oculaires chez le nouveau-né.
A l’inverse, des naissances parfaitement normales ont été rapportées : on estime le risque malformatif à 17 %. En pratique, chez les patientes traitées, il est recommandé d’attendre un cycle après la dernière cure avant de mettre en route une grossesse.
Au début des années 90, une étude biométrologique réalisée chez des infirmières respectant les bonnes pratiques de manipulation avait montré une absorption du cyclophosphamide inférieure à 0,0025 % des doses administrées aux malades.

Pour une préparatrice travaillant en unité de reconstitution centralisée, poste où on sait que l’exposition est quasi virtuelle, le « conseil » de respecter un délai de 6 mois apparaît sans fondement aucun.

Les questions de cette rubrique «toxicologie médicale» émanent pour la plupart de médecins du travail, les réponses sont apportées par le Docteur François Testud, médecin toxicologue hospitalier et médecin du travail, Centre de Toxicovigilance-Centre antipoison, Hospices Civils de Lyon.