Surveillance de la santé pendant et après l’exposition aux nanoparticules

L’impact des nanotechnologies, des nanoparticules,  sur la santé et la sécurité sur le lieu de travail est peu connu alors que les travailleurs sont confrontés aux nanomatériaux dans des secteurs comme la construction, la chimie, l’électronique, l’automobile, l’énergie,  en travaillant avec des matériaux, des applications, des processus industriels et des produits nouveaux. Les études épidémiologiques suggèrent que l’exposition aux nanoparticules peut provoquer des pathologies inflammatoires au niveau des poumons, du cœur de la peau et du système nerveux. L’état des connaissances ne permet pas de proposer un suivi médical spécifique mais le NIOSH, l’INRS, la SUVA ont formulé des préconisations pour la surveillance des travailleurs pendant et après l’exposition aux nanoparticules, qui peuvent guider les médecins du travail qui assurent le suivi de travailleurs pendant et après l’exposition.

Position du NIOSH : exposition aux nanoparticules et surveillance de la santé
Position française : exposition aux nanoparticules et surveillance de la santé
Position de la Suva : exposition aux nanoparticules et surveillance de la santé 

Position du NIOSH : exposition aux nanoparticules et surveillance de la santé

Selon le NIOSH, The National Institute for Occupational Safety and Health , l‘appareil pulmonaire doit faire l’objet d’un suivi particulier chez les travailleurs exposés aux nanoparticules parce que la revue de la littérature montre que certaines fibres longues sont toxiques pour la plèvre pariétale, notamment les nanotubes de carbone.

En 2009, le NIOSH a proposé la surveillance suivante 

L‘examen médical d’embauche doit comporter :

  • la recherche des allergies,
  • la réalisation d’une spirométrie,
  • la réalisation d’une radiographie pulmonaire.

Des examens médicaux périodiques doivent comporter :

  • des examens de la peau,
  • des examens de la fonction pulmonaire,
  • une radiographie du thorax,
  • la recherche d’allergies
  • et d’autres examens liés à la nature du travail, par exemple le travail avec des métaux.

Des examens médicaux fréquents et détaillés doivent être effectués sur la base des résultats des examens précédents, des examens doivent également être réalisés à la suite d’incident : après une exposition non contrôlée ou hors procédures comme dans le cas d’éclaboussures.
Le travailleur doit suivre une formation qui lui permet de reconnaître les symptômes d’exposition à un risque donné.
Les observations médicales doivent être consignées par écrit.
Mise en œuvre d’actions de la part de l’employeur en réponse à l’identification de risques potentiels.

Les travailleurs exposés doivent conserver une trace de leur exposition.

Les dossiers de surveillance médicale doivent être conservés pendant une longue période et être liés au registre de l’exposition pour que les deux outils puissent être utilisés à des fins d’études épidémiologiques ultérieures.

Position française : exposition aux nanoparticules et surveillance de la santé

INRS : surveillance médicale des travailleurs exposés aux nanoparticules, les enseignements du congrès de Keystone

En juillet 2010, il ressort du congrès de Keystone aux Etats-unis qu’aucune recommandation ne peut être formulé en l’état actuel des connaissances.
Mais la réglementation relative aux agents chimiques dangereux peut s’appliquer pour les nanomatériaux, code du travail art R 4412-3 du Code du travail,
la réglementation relative aux CMR doit également s’appliquer dans le cas des nanomatériaux si les substances sont classées cancérogènes des catégories 1 et 2 dans le règlement européen.

Compte tenu des effets sur le système pulmonaire et cardio vasculaire : une radiographie standard de thorax, une spirométrie et un électrocardiogramme bien que non validés comme indicateurs de risque pour la santé, peuvent être réalisés, ils pourront servir de référence. Ils constituent également une aide pour déterminer l’aptitude à certains postes qui nécessitent le port d’équipements de protection individuelle.

Dans le cadre d’une étude épidémiologique et pour un suivi longitudinal de travailleurs exposés, les examens suivants peuvent être envisagés :

  • holter cardiaque ( pour rechercher une variation de la fréquence cardiaque),
  • oxymétrie d’effort,
  • numération formule sanguine,
  • dosage de paramètres de la coagulation et de l’inflammation.

Sont actuellement à l’étude des marqueurs précoces d’inflammation pulmonaire et de stress oxydant ( monoxyde d’azote, 8 isoprostane, peroxyde d’hydrogène, malondialdéhyde, etc) ou des cytokines pro-inflammatoires ( TNF alpha, etc)

Nanoguide : réalisé par la Carsat Centre-Ouest (Direccte Limousin), ce guide n’est plus en ligne mais voici un extrait :

Les études épidémiologiques actuellement disponibles suggèrent la possibilité de survenue de diverses pathologies inflammatoires pouvant toucher divers organes.

  • Le poumon : broncho-pneumopathie obstructive, BPCO, asthme.
  • L’appareil cardio-circulatoire : athérosclérose, hypertension artérielle, infarctus, arythmie ;
  • Le système nerveux : maladie neuro-dégénérative ;
  • La peau : maladies inflammatoires, pathologies auto-immunes, syndrome de Raynaud

Aucun dépistage ciblé n’est validé pour l’instant : radiographie pulmonaire et ECG peuvent être réalisés. Aucun indicateur biologique d’exposition n’est actuellement disponible.

La traçabilité des expositions est réalisée dans le document unique et la fiche de prévention des expositions ( fiche de pénibilité) mais également dans la fiche d’entreprise et dans le dossier médical de santé au travail.

Position de la Suva 

En 2009, dans le cadre de la prévention en médecine du travail, la division médecine du travail de la Suva a développé un programme pour les  travailleurs exposés aux nanoparticules ou aux nanotubes.
Ce programme comprend :

  • une  anamnèse ciblée,
  • un examen clinique,
  • des analyses biologiques (hématologie, paramètres rénaux et hépatiques, status urinaire),
  • un contrôle de la fonction pulmonaire,
  • un électrocardiogramme,
  • ainsi qu’une radiographie du thorax en alternance.

Ces examens concernent les travailleurs de la recherche, des laboratoires, d’études pilote et de la production. Quant à savoir si les travailleurs exposés aux CNT doivent encore passer des examens après la fin de l’exposition, par analogie avec l’amiante, la réponse dépendra des résultats concernant une éventuelle cancérogénicité des CNT.

Les s informations relatives aux préconisations du NIOSH et de l’INRS  sont extraites du document  » Les nanomatériaux sur le lieu de travail : quels enjeux pour la santé des travailleurs  » ETUI, European Trade Union Institute »

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