Quelle est la toxicité du kérozène auquel sont exposés les bagagistes d’un aéroport ?

Quelle est la toxicité du kérosène auquel sont exposés les bagagistes d’un aéroport ?

Le kérosène est une coupe pétrolière utilisée principalement comme carburant pour avions et hélicoptères: plus de 225 milliards de litres sont consommés chaque année par l’aviation civile et militaire.

Composition du kérosène

Le kérosène est constitué :

  • d’hydrocarbures aliphatiques: plus de 80 %.
  • d’hydrocarbures aromatiques, en C8-C15: 0 à 15 %.
  • la teneur en soufre est négligeable.
  • le mélange ne comporte pas de benzène.
  • selon la provenance du brut d’origine, il peut contenir 0 à 5-7 % d’Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques: HAP.

Toxicité du kérosène

Hydrocarbures aromatiques et aliphatiques du kérosène

Les hydrocarbures aromatiques et aliphatiques du kérosène sont volatils et facilement absorbables par voie respiratoire.

Leur toxicité en milieu professionnel est essentiellement neurologique.

L’inhalation de concentrations excessives au poste de travail provoque des signes ébrionarcotiques:

  • Sensation d’ivresse.
  • Maux de tête.
  • Vertiges.
  • Nausées.
  • Tendance à la somnolence.

Ces effets disparaissent à l’arrêt de l’exposition.

A long terme des troubles cognitifs, c’est-à-dire des difficultés de concentration avec pertes de mémoire et des perturbations du sommeil, de l’humeur sont possibles chez des travailleurs fortement exposés aux hydrocarbures.

Les conditions d’exposition permettent d’écarter totalement ce risque chez les bagagistes.

HAP, Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques du kérosène

Non volatils à température ambiante, les HAP, Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques ont une toxicité dominée par leur pouvoir cancérogène.

L’exposition professionnelle prolongée, au moins une dizaine d’année est responsable d’une augmentation de l’incidence :

  • des tumeurs cutanées, contacts répétés sans protection.
  • des tumeurs bronchopulmonaires, inhalation de vapeurs ( sous réserve de procédés à chaud), ou d’aérosols microparticulaires.
  • des tumeurs vésicales, contacts cutanés et/ou inhalation prolongés.

Le risque est bien sûr fonction de l’intensité de l’exposition :
les cokeries, les fonderies de fonte et aciers, l’électrométallurgie de l’aluminium, l’étanchéisation des toitures sont des activités où il est significatif, alors qu’il s’avère très faible, voire indétectable par l’épidémiologie, dans le secteur des revêtements routiers et l’imprimerie.

Toxicité du kérosène auquel sont exposés les bagagistes d’un aéroport

En ce qui concerne les bagagistes : ils sont vraisemblablement bien plus exposés aux émissions des turbines des avions et donc aux produits de combustion du kérosène, qu’au carburant lui-même.

Les gaz d’échappement des jets fonctionnant au kérosène sont constitués, comme toutes les fumées de combustion:

  • de monoxyde de carbone,
  • dioxyde de carbone,
  • d’oxydes d’azote,
  • d’aldéhydes divers,
  • d’hydrocarbures insaturés (butène) imbrûlés,
  • d’HAP sous forme de particules fines ou ultra fines.

Les concentrations résiduelles auxquelles sont exposées les bagagistes sur le tarmac sont probablement excessivement faibles:
A notre connaissance, aucun effet sanitaire particulier n’a été rapporté dans cette population de travailleurs mais aucune étude spécifique ne semble leur avoir été consacrée.
Il n’y a pas de surveillance médicale particulière à mettre en oeuvre.

Les questions de cette rubrique «toxicologie médicale» émanent pour la plupart de médecins du travail, les réponses sont apportées par le Docteur François Testud, médecin toxicologue hospitalier et médecin du travail, Centre de Toxicovigilance-Centre antipoison, Hospices Civils de Lyon.