Alcool : intervention brève lors des visites médicales de santé au travail

La prévention dans le monde du travail ne se limite pas à l’information et au dépistage, il faut développer le repérage précoce et l’intervention brève ( RPIB) par le médecin du travail ou l‘infirmier de santé au travail. Ces méthodes ont fait la preuve de leur efficacité. Les interventions brèves en alcoologie sont des techniques thérapeutiques développées sur un modèle qui utilise en même temps l’évaluation, le conseil et la stratégie comportementale. Le principe de cette approche est celui d’un soin minimal avec une approche cognitivo-comportementale. L’intervention brève permet de réduire les complications liées à l’alcool chez les personnes qui ont une consommation d’alcool à risque mais sans dépendance. L’intervention brève ne s’adresse pas aux personnes dépendantes à l’alcool pour lesquelles une prise en charge plus lourde doit être envisagée.

Une intervention brève comporte 3 éléments essentiels 
Plan d’une intervention brève 
Intervention brève : acronyme FRAMES 
Intérêt des interventions brèves 
Document à remettre au salarié lors d’une intervention brève
Se former à l’intervention brève
Alcool, drogue et travail : sensibiliser les différents acteurs de l’entreprise 
Un site  internet sera mis en ligne par la Fédération française d’addictologie

L’intervention brève est indiqué lorsque le questionnaire de repérage précoce de la consommation d’alcool met en évidence une consommation d’alcool à risque.

Une intervention brève comporte 3 éléments essentiels

 L’objectif de l’intervention brève, c’est le retour à une consommation modérée.

Une intervention brève comporte trois éléments essentiels .

  • L’intervention brève fait toujours suite à un repérage de la consommation d’alcool : les résultats du test de repérage doivent donc être restitués au patient.
  • Elle permet d’établir une relation d’aide : délivrer un conseil
  • Elle conduit à établir en commun un objectif à atteindre par le patient

Plan d’une intervention brève

  • Expliquer le test de repérage
  • Expliquer le risque alcool
  • Définir le verre standard : à quoi correspond une unité d’alcool, un verre standard ?
  • Souligner l’intérêt de la réduction
  • Décrire les méthodes disponibles pour réduire la consommation
  • Renforcer la motivation
  • Proposer des objectifs réalisables et laisser le choix
  • Donner la possibilité d’en reparler
  • Remettre un support écrit, un livret documentaire

Intervention brève : acronyme FRAMES

Acronyme FRAMES pour l’intervention brève

  • Feedback
    Informer sur les risques personnels de la consommation d’alcool en se basant sur les réponses données à l’auto-questionnaire ou à des résultats d’examens biologiques.
    Expliquer par exemple que la consommation d’alcool favorise certains problèmes médicaux tels que l’hypertension, etc
  • Responsibility of the Patient.
    Responsabiliser le changement, le changement relève de la responsabilité du patient
  • Advice to Change.
    Le conseil pour le changement est donné par le médecin
  • Menu of Ways To Reduce Drinking.
    Présenter les options d’aide, les options thérapeutiques.
  • Empathetic Counseling Style.
    L’intervention brève, pour être efficace ne doit pas être une confrontation, le soignant ne doit pas juger…
  • Self-Efficacy or Optimism of the Patient.
    Renforcer le sentiment d’efficacité personnelle, être optimiste quant à la capacité du salarié à modifier sa consommation

Intérêt des interventions brèves

La quasi-totalité des travaux de recherche met en évidence que l’intervention brève entraîne une réduction de la consommation d’alcool, à court ou moyen terme, chez les buveurs excessifs. Dans le cadre des travaux de l’OMS, il a été démontré que :

un simple conseil de quelques minutes peut réduire d’un tiers le nombre de buveurs excessifs (Babor, 2001).

La réalisation d’interventions brèves en cas de consommation d’alcool entraîne :

  • la diminution de la consommation moyenne d’alcool,
  • la diminution de la proportion de consommateurs excessifs d’alcool,
  • la diminution de la fréquence d’absorption massive d’alcool,
  • la diminution de la fréquence des problèmes somatiques liés à l’alcool.

Ces résultats sont observés chez des personnes hospitalisées, mais également celles qui sont suivies en externe dans des hôpitaux ou en médecine générale .

Document à remettre au salarié lors d’une intervention brève

Il est souhaitable de remettre un document écrit lors de l‘intervention brève

Se former à l’intervention brève

L‘intervention brève peut se limiter à la remise d’un document. Mais pour délivrer un conseil de modération au cours de cette intervention brève, une formation est souhaitable afin que le médecin ou l’infirmier soit le catalyseur du changement, amène le consommateur à décider ce qu’il va faire vis-à-vis de sa consommation, compte tenu de la balance décisionnelle.

Balance décisionnelle

      Bénéfices à boire                                                             Bénéfices à être abstinent
|___________________________|___________________________|
Inconvénients à être abstinent            ʌ        Inconvénients à boire

Les médecins du travail peuvent se former à l’INRS pour maîtriser la technique de repérage précoce et d’intervention brève pour la prévention des pratiques addictives en milieu professionnel.

Alcool, drogue et travail : sensibiliser les différents acteurs de l’entreprise

L’INRS propose un DVD de sensibilisation « Alcool, drogue et travail », film de fiction, afin de faciliter la réflexion et ouvrir la discussion sur le rôle de chacun dans une démarche de prévention : acteurs de l’entreprise, équipe pluridisciplinaire de santé au travail, etc

Un site  internet Intervenir addictions de la Fédération française d’addictologie

Ce site intervenir-addictions.fr propose des outils aux professionnels et a pour vocation d’aider les acteurs de santé de premier recours à aborder la question des addictions.

  • à aborder les conduites addictives avec leurs patients,
  • à repérer d’éventuels usages problématiques de substances psychoactives (tabac, alcool ou autres drogues) ou addictions sans substance (jeux notamment),
  • à intervenir et/ou orienter les personnes qui en ont besoin.

Les visites médicales de santé au travail doivent être l’occasion de repérer précocement l’usage à risque de l’alcool chez les salariés. Le repérage minimum consiste à poser systématiquement la question de la consommation d’alcool durant la consultation, il peut également être réalisé au moyen d’un questionnaire standardisé de façon à introduire un tiers dans la relation et éviter ainsi toute confrontation. En cas de dépistage de consommation à risque, le médecin devrait réaliser une intervention brève puisqu’elle demande seulement quelques minutes mais permet de déclencher la prise de conscience, inciter au changement de comportement vis-à-vis de la consommation d’alcool : réduire une consommation d’alcool à risque. Il faut dépasser l’approche risque et se replacer dans un espace plus large de promotion de la santé, de l’amélioration de la qualité de vie au travail et de la qualité au travail : il nous faut mieux comprendre les interactions entre la consommation de substances psycho actives et le travail pour améliorer la qualité de vie au travail de tous.

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